Métro onirique
Aïkido
J’ai commencé à faire des photos d’aïkido lors d’un stage de maître Tamura en 2006 à Paris.
Je venais de perdre brutalement ma mère et ne me sentais pas la force de pratiquer.
Photographier oui. J’avais l’impression de pouvoir pratiquer à travers l’objectif.
Je suis parti dans l’idée de faire des images de Senseï en pleine technique. Arrivé au gymnase, j’ai vu qu’il y avait déjà au moins une dizaine de photographes sur place. Je me suis dit que je ne pouvais pas faire les mêmes photos que les autres, les concurrencer, on aurait fatalement des images similaires. Je ne me sentais pas l’envie de lutter contre eux.
Je me suis demandé quoi prendre en photo ce que les autres ne prendraient pas ?
Tout ce qui semble au premier abord anodin. Où trouver de l’esthétique dans l’ordinaire ? Alors j’ai pris les Zoris au bord du tatami, puis le débutant hésitant, le uke seul dans la « foule » sans partenaire, le visage crispé du pratiquant subissant Nikkyo, les deux partenaires discutant ensemble, un autre riant ou encore un autre concentré sur une technique. Je me suis aperçu que j’aimais (ce que j’ai toujours fait en photo) le côté humain de l’événement.
J’ai volontairement fais des cadrages décalés, hors norme, anti-académique. J’ai voulu prendre ce qui semblait être pour moi faire aussi partie de l’aïkido : le Maître et le pratiquant anonyme.
© David Jousselin, all rights reserved